La honte m’inonde telle une crue de mousson
Comme les mots s’escamotent quand j’en veux faire moisson.
Avec quelle promptitude ont-ils pourtant répondu
A l’appel des amourettes et autres tocades déçues.
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D’effeuiller la marguerite aujourd’hui bien peu me chaut
J’ai inventé le trésor dormant sous l’artichaut,
Une source de plénitude, calme, riante et fraîche,
Non un de ces oueds dont le lit si vite s’assèche.
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Mais s’il m’est aisé de transcrire les amours mensongères,
De noircir des pages à l’encre de la colère,
Du bonheur serein que ta présence implique,
Force m’est de l’admettre, j’ignore le lexique.
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Je pourrais laisser les Muses encenser ta joliesse.
Je pourrais ici baiser tes lèvres et caresser tes fesses.
Je pourrais aussi chanter tes rires, ta belle humanité.
Je pourrais égrainer les fruits de ta beauté.
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Je me refuse néanmoins à scinder ainsi ton être,
Ton existence et ton essence qui ont su faire naître
En moi une joie sereine, une quotidienne fierté.
Je t’aime sans littérature, dans ton entièreté.